Le procès de l’application de transport social Heetch se tiendra le 8 décembre prochain. Heetch est tout simplement menacé de fermeture. Et c’est une honte.
Si vous êtes jeune et que vous avez tendance à sortir le soir et rentrer tôt le matin avec une certaine assiduité, vous connaissez certainement Heetch, à condition d’habiter Paris, Lille ou Lyon. Une application de « transport social » qui vous a certainement sauvé la mise à plusieurs reprises quand il n’y avait plus de transports en commun, que vous habitiez trop loin ou que l’excès de vodka vous dissuadait de faire le trajet retour en vélo de location ou en voiture avec un-e pote au volant encore plus alcoolisé-e que vous.
Heetch est différent d’Uber, Uber Pop (interdit et fermé depuis un an) et consorts puisque l’app a seulement pour vocation de mettre en relation des particuliers entre eux pour se donner un coup de main dans leurs déplacements. C’est facile, pas cher et cela ne rentre pas dans le cadre du VTC car le plafond de revenu est fixé à 6000 euros, soit l’estimation du coût annuel d’un véhicule.
Autrement dit, les chauffeurs Heetch font cela occasionnellement pour rembourser leur voiture (et arrondir un peu leurs fins de mois s’il reste de la monnaie), et les clients sont principalement des jeunes qui de toute façon n’ont jamais pris et ne prendraient jamais un taxi. Ce n’est donc pas un concurrent pour ces derniers, et c’est un service qui sécurise les jeunes en virée nocturne et tranquillise les parents (d’où mon titre très douteux pour cet article). Un modèle qui se rapproche plus de Blablacar que de Uber ou Airbnb, encore une fois. Pas un méchant machin capitaliste américain, quoi.
L’économie collaborative, cauchemar des corporatismes
Bref, Heetch est une entreprise emblématique de l’économie collaborative dans ce qu’elle peut avoir de plus vertueux : pratique, sociale, sans intermédiaire et porteuse de réassurance. Tout ce que détestent finalement certains lobbys et certains politiques, qui généralement ne veulent voir qu’une seule tête avec un chef au-dessus et des taxes à prélever.
Résultat, Heetch, à qui toute personne normalement constituée ne devrait voir que des qualités, est non seulement menacé de fermeture, mais va devoir affronter les joies d’un joli procès comme notre pays en a le secret, contre vents et marées, et même contre l’avis – c’est assez rare pour le souligner – d’hommes politiques de droite comme de gauche, qui ont pris parti pour Heetch.
Ce qu’on reproche à Heetch, dont certains chauffeurs ont même connu les délices de nos geôles à l’occasion d’une bonne vieille garde à vue à la française ? D’être la même chose qu’Uber Pop justement. Par pure ignorance. Conséquence : Heetch risque donc de disparaitre de la même façon que le susnommé sur l’accusation de complicité d’exercice illégal de la profession de taxi. Le plus ironique dans l’affaire étant que la plainte a été déposée non pas par une société de taxi mais par une société de VTC, comme quoi on est toujours le gros con de quelqu’un.
Il va sans dire que cette assignation a quelque chose de totalement ubuesque et révoltant, et c’est pourquoi je relaie l’appel de Heetch (sur la forme on en pensera ce que l’on veut mais ce n’est pas le sujet) même si je ne suis pas certain que ce qui pourrait être perçu comme une tentative de pression sur la justice soit forcément la méthode idéale à une semaine d’un procès. Mais bon ne faisons pas la fine bouche, visiblement c’est le seul moyen que Heetch a de se faire entendre dans un pays où règnent encore une poignée d’archaïsmes et de corporatismes dont il faudra bien parvenir à se débarrasser un jour.
Voir la vidéo de soutien à Heetch
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