La dernière mise à jour de Microsoft Word propose des suggestions d’écriture inclusive. Bienvenue dans le « logiciellement correct. »
Quand Microsoft fait la police, on ne parle plus seulement de police de caractère. Dans sa dernière mise à jour, son logiciel phare Microsoft Word 2016 de la suite Office 365 vient d’inclure dans ses réglages une nouvelle grammaire de suggestions de mots et expressions visant à combattre les stéréotypes genrés de langage.
Rien n’est imposé mais dans la rubrique « Inclusive language », Microsoft explique la démarche sur son site :
Inclusive Language
Gender-Specific Language Targets gendered language which may be perceived as excluding, dismissive, or stereotyping. Consider using gender-inclusive language. Example: We need more policemen to maintain public safety. Policemen is corrected to police officers.
Autrement dit (et en français), cette nouvelle option de Microsoft Word permettrait de « cibler le langage sexiste qui peut être perçu comme excluant, méprisant ou stéréotypé. Envisagez d’utiliser un langage non sexiste. » Microsoft s’appuie sur un exemple concernant le terme « policiers » (« policemen » en anglais) dont la suggestion de remplacement proposera « officiers de police » (« police officers »).
L’écriture inclusive ne vise pas seulement l’égalité grammaticale entre les sexes
On aurait pu croire à une initiative franco-française, en plein débat sur le sujet, ou à tout le moins à une nouveauté concernant les langues dans lesquelles un genre l’emporte sur un autre, mais pas du tout puisque cette nouvelle option est d’abord présente sur la version anglaise de Word. Or on sait que l’anglais est beaucoup moins genré que le français par exemple.
Mais il y a une raison à cela. Contrairement à ce que les derniers buzz médiatiques sur ce thème pourraient laisser penser, l’écriture inclusive ne vise pas seulement à établir une égalité grammaticale entre les sexes. Il y est aussi question de discriminations en fonction des origines ou du handicap, entre autres. On sait très bien que depuis longtemps les américains ne disent plus « indien » mais Native American, ni « noir » mais « Afro-American », comme ici on ne doit plus dire « sourd » mais « mal entendant » (ce qui entre nous n’a pas vraiment la même signification, si l’on veut vraiment chipoter). Ainsi, la dernière version de Word propose également des suggestions pour remplacer les mots trop « stigmatisants », comme l’indique un message sur Twitter.
On m’envoie ces photos d’une nouvelle mise à jour « langage inclusif » de Microsoft Word. J’ai cru à un montage mais c’est bien sur leur site. pic.twitter.com/vjYcJdT2NA
— Clément Bénech (@ClementBenech) 26 octobre 2017
Un politiquement correct aux intentions probablement bienveillantes, mais qui risque de compliquer encore un peu la langue, et qui surtout conduit à des situations bizarres, voire ridicules. J’ai récemment été confronté à l’une de celles-ci, quand lors d’une discussion un parisien m’a désigné comme provincial (ce qui est vrai et ne me dérange pas du tout puisque c’est la réalité) puis, pensant m’avoir froissé, s’est vite repris en remplaçant la terrible insulte par « une personne des régions ». Effet de bord immédiat : j’ai alors découvert que le terme « provincial » était péjoratif et donc probablement politiquement incorrect. Il faudrait vérifier dans la dernière version de Word.
Du coup à compter de maintenant je vais éviter de dire « parisien.n.e » mais « personne de Paris ».
Sait-on jamais. Ne pas stigmatiser.
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