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[Dossier] La Guerre des Mondes, Seul sur Mars, Total Recall : quand la SF est fascinée par Mars

Si l’homme est peut-être un grand singe politique, comme le dit Pascal Picq, il est surtout un aventurier qui aime aller voir ce qui se trouve derrière la prochaine colline. Et quand il n’y en a plus de disponibles, il traque celles d’autres planètes : la prochaine étape est Mars. Mais si l’être humain n’y a mis pour le moment que des roues, beaucoup d’œuvres de SF racontent qu’une vie y est possible. Depuis presque 150 ans, la planète terreuse fascine.

Seul sur Mars, 2016

L’intérêt pour les drôles d’objets qui gravitent dans notre champ de vision n’est pas récent. Déjà source de représentation du temps via le calendrier lunaire quelques milliers d’années avant J.C., la Lune a été au centre de l’attention de nombreux auteurs, de Francis Godwin avec L’Homme dans la Lune en 1638, jusqu’à Meliès et son Voyage dans la Lune de 1902, en passant par le célèbre conte Histoire comique des États et Empires de la Lune écrit par Cyrano de Bergerac en 1657.

Mars n’est pas en reste, même si elle a attendu avec une patience toute universelle le début de la SF au 19ème siècle pour faire son entrée, engrainée dans un intérêt soudain pour ses terres florissantes. C’est tout du moins ce que pense Percival Lowell, astronome -amateur- américain, par sa théorie de la présence de canaux artificiels à la surface de Mars. Inspirée en partie d’une mauvaise traduction des « canali » découverts par l’astronome et historien italien Giovanni Virginio Schiaparelli en 1877, qui sont passés de tranchées naturelles dans le sens original du terme à des constructions artificielles (channels) dans l’acceptation anglaise, l’idée de Lowell donne à Mars un côté habité. S’il y a intervention manuelle, il y a population intelligente et donc une vie avec laquelle il est possible d’interagir.

La Guerre des Mondes. Crédits : @Folio

Quelques 20 années plus tard, cette vision sera mise à terre et achevée avec un coup de talon par ce bon vieux Aymar Eugène (sic) de La Baume Pluvinel, lui aussi astronome. Mais dans ce laps de temps, les recherches de Lowell ont marqué un certain H.G. Wells qui part de ce postulat pour imaginer une attaque de la Terre par une force d’invasion venue des rouges paysages martiens : La Guerre des Mondes. À bord de leurs tripodes, les martiens viennent tenter de mettre un petit coup de pression à l’humanité par la projection de fumées toxiques et la mise en place d’un grand plan d’aspiration du sang de tout ce qui marche sur deux jambes. Mais comme ces envahisseurs ne sont pas bien malins et peu renseignés sur la planète qu’ils veulent coloniser, ils meurent tous d’une bactérie terrienne. Ce qui n’arrête pas les échanges entre la Terre et Mars.

Quand y’en a Mars

Désormais planète de tous les possibles, Mars devient un nouvel appel à l’exotisme. Cette nouvelle zone à la fois proche et mystérieuse relègue les jungles profondes en arrière-plan. La fascination pour ces forêts denses très présentes dans la littérature de la fin du 19ème siècle se décale vers des civilisations fantasmées bien plus lointaines. C’est dans ce contexte d’aventures au long cours, que naît la série de romans du Cycle de Mars d’Edgar Rice Burroughs débuté en 1917, avec comme personnage principal, John Carter. Comme dans son autre saga littéraire Tarzan, l’auteur confronte son héros à un univers inconnu, dont il ne maîtrise aucune règle. Présentée comme une planète à la politique complexe et aux nombreux camps qui ont du mal à se supporter, Mars (ici nommée Barsoom par les locaux) devient plus « réelle » : de monde étrange et agressif, elle se mue en un parallèle de la société humaine, dans laquelle la projection est aisée pour le lecteur.

Le Cycle de Mars. Crédits : @Omnibus

John Carter défriche ce terrain aride est en fait un terreau sur lequel l’imaginaire peut prendre racine. Une fertilité narrative qui va inspirer un bon paquet d’œuvres par la suite, ne serait-ce que Flash Gordon, Dune – dans le côté conflit entre « maisons » – ou encore Superman. Tout un ensemble de codes et de pistes naissent de ce rapport de fascination, assez candide, pour la planète rouge, qui vont évoluer vers une perception différente, au fur et à mesure des découvertes scientifiques. De 1924 à la fin des années 40, les différentes observations de Mars s’éloignent de plus en plus des espoirs de grandes civilisations, existantes ou disparues. Avec l’amélioration des outils de mesures et des télescopes, les masques tombent et la planète semble de moins en moins habitable.

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