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[Critique] Le Crime de l’Orient-Express

Avec la casquette de réalisateur et d’acteur, Kenneth Branagh tente de raviver le mythe du Crime de l’Orient-Express. Un train, un meurtre, treize suspects et… Un bon film ?

Agatha Christie a beau être un des écrivains les plus connus du monde, les dernières adaptations de ses œuvres commencent à doucement sentir la naphtaline. Suivant la tendance initiée par le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, Kenneth Branagh a donc décidé de remettre les écrits de la Britannique au gout du jour.

Comme tout best-seller, Le Crime de l’Orient-Express représente un double défi. Celui de mettre en image une histoire dont la majorité des gens connaissent la fin, tout en respectant l’héritage cinématographique de la version de Sydney Lumet (1974).

Visiblement ravi d’incarner Hercule Poirot, Branagh choisit de tisser un portrait plus cabotin du célèbre enquêteur belge. Il faut avouer que l’anglais n’a pas grand-chose à voir avec ses prédécesseurs, ce qui pourrait irriter les nombreux amateurs du personnage. La fine moustache du distingué Albert Finney est ici remplacée par une glorieuse bacchante, qui souligne une véritable focalisation sur le personnage.

Il s’entoure pourtant d’un casting reconnu, composé de Johnny Deep, Michelle Pfeiffer, Penelope Cruz ou Judi Dench. La première partie du film jongle d’ailleurs assez bien entre chacun d’entre eux, offrant d’intéressantes saynètes de présentation. Michael Greene (qui officiait aussi en tant que scénariste sur le récent Blade Runner 2049) arrive à saisir l’atmosphère post-coloniale inhérente à l’époque, en évoquant le racisme poli d’une certaine bourgeoisie. Mais au fur et à mesure que le film avance, cette pléthore d’acteurs a tendance à provoquer un sentiment d’empilement qui peut nuire à la lisibilité du récit.

Branagh soigne une nouvelle fois la forme et livre un film vraiment esthétique. L’utilisation des effets spéciaux numériques est ingénieuse et certains plans renforcent efficacement l’impression de huis-clos. On balance ainsi de fenêtre en fenêtre comme on le fait avec les suspects potentiels.

Le réalisateur a néanmoins la bonne idée d’aérer sa mise en scène en la parsemant de petites séquences à l’extérieur, alors que le train est bloqué par la neige. La scène d’ouverture, dans une Jérusalem en proie au désordre, est d’ailleurs une des plus réussies du film.

En tentant de respecter le récit originel, il diffuse les indices au compte-goutte, se permettant souvent des digressions presque humoristiques par rapport à l’enquête. Cela a tendance à surcharger la dernière partie du film, qui s’empresse alors de tout expliquer au spectateur. La confusion qui en émane n’enlève rien à l’ingénieux final pensé par Agatha Christie, mais désarçonnera peut-être ceux qui n’en connaissent pas la teneur.

Si la comparaison avec l’ancien film ne plaide pas vraiment en sa faveur, notamment en termes de tension, le long-métrage trouve son salut dans le traitement de son héros. L’accent faussement français de Branagh agace, mais la réflexion autour de sa vision de la justice apporte une vraie fraîcheur.

Elle permet de casser l’image inflexible liée à Hercule Poirot, et apporte la touche d’humanité qui manque au reste du casting. Cette volonté d’attachement au personnage principal se confirme d’ailleurs dans l’annonce d’une suite qui nous mènera sur le Nil…

De par son rythme hésitant, Le Crime de l’Orient-Express souffre de la comparaison avec la version de Lumet. Mais sa belle mise en scène, et la volonté de Branagh de dépoussiérer la figure d’Hercule Poirot, permettent de maintenir le film à flot. S’il ne prendra pas au dépourvu les amateurs de l’oeuvre, il constitue une introduction en douceur à l’oeuvre d’Agatha Christie, tout en lui conférant une fraîcheur cinématographique bienvenue.

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